D’où, « meilleure réalisation: Polanski »?

Y’a moyen de nous dire à toutes d’aller juste nous faire foutre plus clairement ?

Juste pour être précise : le problème n’est pas la qualité du film de Polanski. En ce qui me concerne, le problème n’est même pas que ce type fasse des films. Le problème dans l’immédiat, c’est qu’un violeur et pédocriminel (reconnu coupable, pour celleux qui ont encore un peu de mal à juste croire les femmes), accusé par douze femmes de viol et agression sexuelle, reçoive un César, l’une des récompenses les plus prestigieuses du cinéma français. Est-ce qu’on peut prendre une minute pour réaliser à quel point c’est fucked up?

Mais quelle arrogance, pour que la réponse aux femmes qui crient leur rage soit « Mais quel bon réalisateur, avouez ». A quel point il faut être terrorisé de perdre sa petite parcelle de privilèges, pour s’y accrocher au point d’être incapable de faire un pas de recul, pour regarder the big picture, et constater simplement que ce qui se passe, c’est ça, c’est la célébration d’un homme qui viole des femmes et des filles. On s’en tape de la qualité de son film, c’est tellement pas la question.

En Belgique, 1 femme sur 4 a subi un viol conjugal. 1 femme sur 4 a été harcelée physiquement dans un lieu public. 1 femme sur 5 a été victime d’un viol. En moyenne 4 viols collectifs sont déclarés par semaine. On a comptabilisé 24 féminicides en 2019. En France, 8 femme sur 10 rencontrent une forme d’atteinte sexuelle dans l’espace public. Toi, moi et les gens autour, on est tou.te.s touché.es de très près par l’expression violente du sexisme. Tous et toutes. De très près. Car cette violence est d’une banalité ahurissante.

Et aujourd’hui, en 2020, comment on réagit à l’ampleur de cette violence envers les femmes? On minimise, on met à distance, on doute, on responsabilise les victimes, on victimise les coupables, on chie sur les féministes parce que la colère, quand même, c’est désagréable, et puis on célèbre, on valide, on glorifie un Polanski et l’impunité de sa violence.

La honte. Mais la honte.

Il reçoit un trophée pour avoir bien travaillé. Mais tu réalises le message? Le gros fuck que ça représente pour toutes les personnes qui se sont déjà senties, ou se sentent au quotidien, victimes/ survivantes/ témoins/ cibles potentielles de cette violence? Elle te semble vraiment inconvenante cette colère? Si la réponse est non, petit rappel en passant, les choses sont tellement bien faites: on a aussi le droit d’être en rage pour des injustices qu’on ne subit pas soi-même (wink wink).

PS : Entre le départ notamment d’Adèle Haenel en pleine cérémonie et le discours tendu-vénère-magique d’Aïssa Maïga, va falloir s’habituer à la recevoir, cette colère. C’te bande de badass 🔥

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