D’où faut refaire un warning général dès qu’on dépasse les 20°C?

J’avais écrit ce texte sur Facebook l’été dernier. Mais comme me l’a aimablement rappelé un connard dans le tram ce matin, nous baver dessus, c’est chaque année à la mode. Si je peux me permettre deux trois précisions.

  • On s’en fout de ton avis sur notre tenue ni comment tu nous trouves bonne ou pas dedans. On ne veut pas ton avis. On déteste ton avis. Être sifflées comme des chiennes, détaillées comme de la viande, commentées comme de la déco.
  • On porte cette tenue parce qu’on a chaud, ou froid, ou envie, ou besoin, ou pcq on adore ou pcq on s’en fout ou pcq on tente un truc ou pcq on vient de l’acheter ou pcq c’est jour de lessive ou pcq c’est confo ou pcq on se sent so fraîche ou pcq on se camoufle. Tu vois le lien entre ces raisons ? Y’a jamais toi dedans dis donc.
  • Liberté d’importuner mon cul. C’est pas un compliment. C’est l’énième estimation de notre apparence, random et non sollicitée, de la journée, de la semaine, de l’année. C’est l’énième personne qui nous rappelle qu’on est trop ou pas assez vis-à-vis d’une norme intenable. C’est quelqu’un qu’on ne connaît pas qui choisit de nous faire savoir à combien il estime la valeur de notre corps. À quel point notre apparence lui plaît, ou pas. À combien on score. À quel point il pourrait nous baiser ou pas. À quel point c’est censé être notre objectif, qu’il ait envie de nous baiser. C’est l’énième rappel de la journée, de la semaine, de l’année, qu’en tant que femmes ou identifié.es comme telles, on ne choisit pas d’être dans ce game ou pas. On y est par défaut. C’est sale, c’est violent, c’est humiliant, c’est déshumanisant.
  • C’est aussi nous signifier encore et encore que l’espace public ne nous appartient pas, ou moins. Qu’on aurait un prix à payer pour l’occuper. L’espace public nous appartient. La rue nous appartient. Le parc, le trottoir, le banc, le terrain de basket, le skatepark, l’arrêt de bus, tout ça c’est à nous. On a autant que toi le droit d’être là, de marcher, de rouler, de se poser, sans rappels constants que t’es là aussi, à soupeser notre valeur en te léchant les babines. C’est notre espace de vie, pas ton terrain de chasse. Pas ton terrain tout court. On vous voit, à nous rabaisser pour qu’on se sente moins chez nous, de peur de plus avoir assez de place pour votre bite et votre ego.
  • Et c’est pas parce qu’on réagit pas qu’on s’en fout. Réagir de façon plus ou moins intense, c’est toujours un pari: on mise notre sécurité pour gagner le droit de se défendre. Une fois, j’ai réagi et je me suis faite plaquer contre une voiture. Une autre fois, j’ai réagi et je me suis faite courser jusque dans ma rue. Une autre fois j’ai réagi et le gars a trouvé ça très drôle que je m’énerve tellement il savait qu’il serait dans l’impunité la plus totale. Des potes ont réagi et se sont fait cracher dessus. Ou ont dû prendre de longues minutes de leur journée pour faire un cours au gars, pour l’aider à voir le problème. Donc parfois, pour plein de raisons, on parie. Et puis parfois si on réagit pas, si on regarde ailleurs, ou si même on sourit, c’est par flemme, par peur, par cynisme, par stratégie de survie, par manque de soutien, par manque d’énergie, par habitude. Pas parce que c’est OK whatsoever.

C’est pas des compliments, c’est pas de la drague, c’est du harcèlement. C’est de la participation active à la culture du viol. Et si grands dieux, toi, jamais de la vie, tu n’es pas de ces gens-là, premièrement: ah bon, think again. Deuxièmement: c’est pas un pey qui traverse le pays pour harceler 95% des meufs. AKA si c’est pas toi c’est tes potes, tes collègues, des passants que tu croises.

Si ta défense c’est que toi t’as rien fait, tu fais tout autant partie du problème. Fais quelque chose, espèce de lâche.

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